Mécanique du non-accueil, Paris et sa banlieue (en cours)
Un exilé vit sur le bord du périphérique. À Pantin à Paris le 22 décembre 2020. Photographie par Benjamin Beraud / Hans Lucas
Novembre 2020Suite au démantèlement du plus grand camp de migrants de Paris à Saint-Denis le 17 novembre 2020, le travail des associations devient de plus en plus compliqué.
« Même si vous avez le sentiment que vous allez arpenter beaucoup de terrain pour trouver peu de monde, c'est normal », explique Philippe au début de la maraude. « Si on est obligés de faire ça, c est parce qu'on cherche des gens qui se cachent. Les gens sont poursuivis et harcelés par la police. » Il insiste également sur l'importance d'alerter et de témoigner sur la situation tout faisant attention à préserver l'anonymat des exilées.
18h48 - Porte de Pantin, sous le périphérique Nous démarrons notre maraude à Pantin, au niveau du périphérique. Deux hommes sont présents, l un, dans une tente, nous accueille gentiment. L'autre semble installé depuis plus longtemps. Il a amassé beaucoup d'objets mais il n'a pas de tente. Il nous remercie chaleureusement du repas qu'on lui offre et commence à entamer la discussion. Il nous montre les blessures qu'il s'est fait en cherchant de la ferraille l'autre jour. « Fils de Dieu », nous répond-t-il quand on lui demande son prénom. Puisque personne ne s intéresse à lui alors c'est ainsi qu'il a choisi de se présenter aux autres. Apres quelques blagues, une tape sur l'épaule, on décide de partir.
20h48 - Proche de la porte de Bagnolet On croise la route d'un autre groupe de migrants que l'on avait rencontré la dernière fois. Ils sont nombreux a se réchauffer ici au-dessus des échappements des égouts. On fait la rencontre de Khalid. Il a 39 ans, il vient du Maroc. Il est monté a Paris il y a trois ans parce qu'il se disait qu'il gagnerait mieux sa vie ici. Il a travaillé dans les dégâts des eaux et a perdu son travail avec la crise. Les larmes aux yeux, il nous partage qu'il a juste envie de retourner au Maroc pour retrouver sa mère.
Une tente à l'entrée de l'entrepôt où des sans-abris ont trouvé refuge. Sous le périphérique, À Pantin, le 22 décembre 2020. Photographie par Benjamin Beraud / Hans Lucas
Des couvertures et des vêtements sont amassés en face de deux tentes. Sous le périphérique à Pantin, le 22 décembre 2020. Photographie par Benjamin Beraud / Hans Lucas
Un entrepôt abandonné où des sans-abris ont trouvé refuge. Sous le périphérique, À Pantin, le 22 décembre 2020. Photographie par Benjamin Beraud / Hans Lucas
Des tentes sont installées au niveau du périphérique.
Mai 2021
Le 30 mai 2021, se tient une manifestation à l’occasion de la fin de la fin de la trêve hivernale, menaçant des centaines de personnes d’expulsions.
En fin de marche, les associations et collectifs organisateurs, dont Droit Au Logement et Solidarité migrants Wilson, orchestrent une action de « Réquisition ». L’idée est d’investir la place de la République dans le but d’interpeller les représentants de la mairie et de les obliger à reloger des personnes sans-abris, principalement exilées, en réquisitionnant des lieux laissés vacants. Au moment de la photo, plusieurs dizaines de personnes font la queue dans l’attente de bus.
Ils sont censés les emmener vers des logements, hôtels et gymnases. Après avoir laissé passer plusieurs d’entre eux (450 environ, selon la préfecture), les représentants publics annoncent qu’il n’y a plus de place dans les hébergements. La tension monte et les policiers font usage des gaz lacrymogènes. En guise de protestation, les exilés s’assoient en face des policiers.
Décembre 2021.
Comme chaque année, des manifestants éclairent le cortège avec des bougies, dans le cadre de la manifestation pour la Journée internationale des migrants.
Le 25 novembre 2021, 27 personnes exilées décèdent au large de Calais dans le naufrage de leur embarcation partie de Dunkerque. Un rassemblement a lieu sur la place de la République en hommage aux victimes.
Depuis 2014, plus de 20 000 personnes ont disparu ou perdu la vie sur les routes migratoires, dont la moitié en Méditerranée, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Depuis les années 90, ce nombre s’élève à plus de 50 000 personnes.
Novembre 2021
Anaïs et Ludovic ont entamé ensemble un jeûne il y a 38 jours à Calais avec le prêtre Philippe Demeestère pour dénoncer les conditions dans lesquelles les exilés sont traités à Calais et Grande-Synthe.
Ils réclament par cette action la fin des expulsions des personnes exilées pendant la trêve hivernale, la fin de la dégradation et de la confiscation de leurs effets personnels et l’ouverture d’un dialogue entre autorités et associations pour que celles-ci puissent distribuer des biens de première nécessité sur les lieux de vie des personnes exilées. De passage à Paris, ils organisent une manifestation.
Anaïs Vogel, l’une des trois grévistes de la faim à Calais, raconte son échange avec ce policier, le jour de la marche pour la fin des maltraitantes envers les personnes exilées. Paris, le dimanche 21 novembre 2021.
« On était arrêtés vers Gare de l’Est. J’ai vu tous ces policiers, il y en a moins qu’à Calais certes, mais ils étaient nombreux quand même. Je pars du principe qu’on est tous des êtres humains. Même les policiers et les policières sont des êtres humains. À un moment donné, quand ils rentrent chez eux ou chez elles et qu’ils font le bilan de leur journée, je ne suis pas sûre qu’ils le vivent très bien. À Calais, par exemple, les compagnies de CRS changent toutes les trois semaines. Je pense que ce n’est pas pour rien. Je ne suis pas sûre qu’un être humain vit très bien cette situation, le fait d’être armé, de pouvoir faire du mal à des personnes. Du coup, à chaque fois qu’il y a des manifestations, je vais les voir pour discuter avec eux et elles.
Justement quand tu as pris cette photo, j’étais en train de parler de la grève de la faim avec cette personne, en lui expliquant le sens de notre action. Je lui rappelai qu’on était tous des êtres humains, peu importe la couleur de la peau, l’origine, n’importe. Il m’a répondu « oui, oui, je suis d’accord » et qu’il était justement bien placé pour le savoir par rapport à sa couleur de peau. En même temps, je me suis rapproché parce que j’ai vu que les policiers commençaient à faire un cordon autour de la foule et, machinalement, dès que je vois la police faire un cordon. Je me mets face à eux. »
Octobre 2021
La préfecture de police érige un mur afin de bloquer l'accès à des toxicomanes à Pantin. Ce « mur de la honte » provoque la colère des habitants du quartier.
Novembre 2021
Près de 150 personnes vivent sous un tunnel en dessous du périphérique, entre Paris 19e et le Pré-Saint-Gervais. Face au manque d’hébergement, les associations craignent que de plus en plus de famille et de mineurs n'arrivent sur le campement.
Décembre 2021
Après des mois dans le froid, ils ont finalement été mis à l'abri.
Février 2022.
En grève depuis près de trois mois, ces travailleurs affirment être employés par l’agence d’intérim Derichebourg, pour le compte de DPD, filiale de La Poste. Tous revendiquent leur régularisation, afin de sortir de leur situation administrative précaire.
Mai 2022
Évacuation du campement du Cheval Noir, Pantin
À 7 heures du matin, entre espoirs et inquiétudes, c’est la cohue pour accéder aux bus. L’espoir de dormir enfin au chaud après des mois dans la rue se lit sur certains visages. D’autres, s’inquiètent de savoir où ils vont ou s’ils seront acceptés au centre d’hébergement. Ils récupèrent leurs affaires et laissent les tentes sur place à la demande de la préfecture. Ils passent au détecteur de métaux face à des hommes en combinaison blanche de la police scientifique. Ils rejoignent ensuite les bus qui les emmènent vers les centres d’hébergement en île-de-France et en province.
80 d’entre sont remis à la rue le soir-même. 40 d’entre eux se sont vus refuser l’accès au centre parce qu’ils n’ont pas les bons papiers. Nombre d’entre eux sont des "dublinés" : leur demande d’asile dépend du premier pays d’arrivée en Europe et ils ne peuvent prétendre à un hébergement en France pendant au moins 18 mois. D’autres, n’ont tout simplement pas pu monter dans les bus, faute de place.
J’ai rencontré certains d’entre eux le soir-même. Ils ne peuvent plus accéder au parc pour récupérer des tentes, un grillage les empêche d’y accéder. La préfecture dit vouloir désinfecter les tentes, craignant une épidémie de gale. Le soir-même, ils dormiront donc à ciel ouvert à quelques mètres du campement, au bord du canal.
Mécanique du non-accueil, Paris et sa banlieue (en cours)
Novembre 2020Suite au démantèlement du plus grand camp de migrants de Paris à Saint-Denis le 17 novembre 2020, le travail des associations devient de plus en plus compliqué.
« Même si vous avez le sentiment que vous allez arpenter beaucoup de terrain pour trouver peu de monde, c'est normal », explique Philippe au début de la maraude. « Si on est obligés de faire ça, c est parce qu'on cherche des gens qui se cachent. Les gens sont poursuivis et harcelés par la police. » Il insiste également sur l'importance d'alerter et de témoigner sur la situation tout faisant attention à préserver l'anonymat des exilées.
18h48 - Porte de Pantin, sous le périphérique Nous démarrons notre maraude à Pantin, au niveau du périphérique. Deux hommes sont présents, l un, dans une tente, nous accueille gentiment. L'autre semble installé depuis plus longtemps. Il a amassé beaucoup d'objets mais il n'a pas de tente. Il nous remercie chaleureusement du repas qu'on lui offre et commence à entamer la discussion. Il nous montre les blessures qu'il s'est fait en cherchant de la ferraille l'autre jour. « Fils de Dieu », nous répond-t-il quand on lui demande son prénom. Puisque personne ne s intéresse à lui alors c'est ainsi qu'il a choisi de se présenter aux autres. Apres quelques blagues, une tape sur l'épaule, on décide de partir.
20h48 - Proche de la porte de Bagnolet On croise la route d'un autre groupe de migrants que l'on avait rencontré la dernière fois. Ils sont nombreux a se réchauffer ici au-dessus des échappements des égouts. On fait la rencontre de Khalid. Il a 39 ans, il vient du Maroc. Il est monté a Paris il y a trois ans parce qu'il se disait qu'il gagnerait mieux sa vie ici. Il a travaillé dans les dégâts des eaux et a perdu son travail avec la crise. Les larmes aux yeux, il nous partage qu'il a juste envie de retourner au Maroc pour retrouver sa mère.
Mai 2021
Le 30 mai 2021, se tient une manifestation à l’occasion de la fin de la fin de la trêve hivernale, menaçant des centaines de personnes d’expulsions.
En fin de marche, les associations et collectifs organisateurs, dont Droit Au Logement et Solidarité migrants Wilson, orchestrent une action de « Réquisition ». L’idée est d’investir la place de la République dans le but d’interpeller les représentants de la mairie et de les obliger à reloger des personnes sans-abris, principalement exilées, en réquisitionnant des lieux laissés vacants. Au moment de la photo, plusieurs dizaines de personnes font la queue dans l’attente de bus.
Ils sont censés les emmener vers des logements, hôtels et gymnases. Après avoir laissé passer plusieurs d’entre eux (450 environ, selon la préfecture), les représentants publics annoncent qu’il n’y a plus de place dans les hébergements. La tension monte et les policiers font usage des gaz lacrymogènes. En guise de protestation, les exilés s’assoient en face des policiers.
Décembre 2021.
Comme chaque année, des manifestants éclairent le cortège avec des bougies, dans le cadre de la manifestation pour la Journée internationale des migrants.
Le 25 novembre 2021, 27 personnes exilées décèdent au large de Calais dans le naufrage de leur embarcation partie de Dunkerque. Un rassemblement a lieu sur la place de la République en hommage aux victimes.
Depuis 2014, plus de 20 000 personnes ont disparu ou perdu la vie sur les routes migratoires, dont la moitié en Méditerranée, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Depuis les années 90, ce nombre s’élève à plus de 50 000 personnes.
Novembre 2021
Anaïs et Ludovic ont entamé ensemble un jeûne il y a 38 jours à Calais avec le prêtre Philippe Demeestère pour dénoncer les conditions dans lesquelles les exilés sont traités à Calais et Grande-Synthe.
Ils réclament par cette action la fin des expulsions des personnes exilées pendant la trêve hivernale, la fin de la dégradation et de la confiscation de leurs effets personnels et l’ouverture d’un dialogue entre autorités et associations pour que celles-ci puissent distribuer des biens de première nécessité sur les lieux de vie des personnes exilées. De passage à Paris, ils organisent une manifestation.
Anaïs Vogel, l’une des trois grévistes de la faim à Calais, raconte son échange avec ce policier, le jour de la marche pour la fin des maltraitantes envers les personnes exilées. Paris, le dimanche 21 novembre 2021.
« On était arrêtés vers Gare de l’Est. J’ai vu tous ces policiers, il y en a moins qu’à Calais certes, mais ils étaient nombreux quand même. Je pars du principe qu’on est tous des êtres humains. Même les policiers et les policières sont des êtres humains. À un moment donné, quand ils rentrent chez eux ou chez elles et qu’ils font le bilan de leur journée, je ne suis pas sûre qu’ils le vivent très bien. À Calais, par exemple, les compagnies de CRS changent toutes les trois semaines. Je pense que ce n’est pas pour rien. Je ne suis pas sûre qu’un être humain vit très bien cette situation, le fait d’être armé, de pouvoir faire du mal à des personnes. Du coup, à chaque fois qu’il y a des manifestations, je vais les voir pour discuter avec eux et elles.
Justement quand tu as pris cette photo, j’étais en train de parler de la grève de la faim avec cette personne, en lui expliquant le sens de notre action. Je lui rappelai qu’on était tous des êtres humains, peu importe la couleur de la peau, l’origine, n’importe. Il m’a répondu « oui, oui, je suis d’accord » et qu’il était justement bien placé pour le savoir par rapport à sa couleur de peau. En même temps, je me suis rapproché parce que j’ai vu que les policiers commençaient à faire un cordon autour de la foule et, machinalement, dès que je vois la police faire un cordon. Je me mets face à eux. »
Octobre 2021
La préfecture de police érige un mur afin de bloquer l'accès à des toxicomanes à Pantin. Ce « mur de la honte » provoque la colère des habitants du quartier.
Novembre 2021
Près de 150 personnes vivent sous un tunnel en dessous du périphérique, entre Paris 19e et le Pré-Saint-Gervais. Face au manque d’hébergement, les associations craignent que de plus en plus de famille et de mineurs n'arrivent sur le campement.
Décembre 2021
Après des mois dans le froid, ils ont finalement été mis à l'abri.
Février 2022.
En grève depuis près de trois mois, ces travailleurs affirment être employés par l’agence d’intérim Derichebourg, pour le compte de DPD, filiale de La Poste. Tous revendiquent leur régularisation, afin de sortir de leur situation administrative précaire.
Mai 2022
Évacuation du campement du Cheval Noir, Pantin
À 7 heures du matin, entre espoirs et inquiétudes, c’est la cohue pour accéder aux bus. L’espoir de dormir enfin au chaud après des mois dans la rue se lit sur certains visages. D’autres, s’inquiètent de savoir où ils vont ou s’ils seront acceptés au centre d’hébergement. Ils récupèrent leurs affaires et laissent les tentes sur place à la demande de la préfecture. Ils passent au détecteur de métaux face à des hommes en combinaison blanche de la police scientifique. Ils rejoignent ensuite les bus qui les emmènent vers les centres d’hébergement en île-de-France et en province.
80 d’entre sont remis à la rue le soir-même. 40 d’entre eux se sont vus refuser l’accès au centre parce qu’ils n’ont pas les bons papiers. Nombre d’entre eux sont des "dublinés" : leur demande d’asile dépend du premier pays d’arrivée en Europe et ils ne peuvent prétendre à un hébergement en France pendant au moins 18 mois. D’autres, n’ont tout simplement pas pu monter dans les bus, faute de place.
J’ai rencontré certains d’entre eux le soir-même. Ils ne peuvent plus accéder au parc pour récupérer des tentes, un grillage les empêche d’y accéder. La préfecture dit vouloir désinfecter les tentes, craignant une épidémie de gale. Le soir-même, ils dormiront donc à ciel ouvert à quelques mètres du campement, au bord du canal.
Mécanique du non-accueil, Paris et sa banlieue (en cours)
Un exilé vit sur le bord du périphérique. À Pantin à Paris le 22 décembre 2020. Photographie par Benjamin Beraud / Hans Lucas
Novembre 2020Suite au démantèlement du plus grand camp de migrants de Paris à Saint-Denis le 17 novembre 2020, le travail des associations devient de plus en plus compliqué.
« Même si vous avez le sentiment que vous allez arpenter beaucoup de terrain pour trouver peu de monde, c'est normal », explique Philippe au début de la maraude. « Si on est obligés de faire ça, c est parce qu'on cherche des gens qui se cachent. Les gens sont poursuivis et harcelés par la police. » Il insiste également sur l'importance d'alerter et de témoigner sur la situation tout faisant attention à préserver l'anonymat des exilées.
18h48 - Porte de Pantin, sous le périphérique Nous démarrons notre maraude à Pantin, au niveau du périphérique. Deux hommes sont présents, l un, dans une tente, nous accueille gentiment. L'autre semble installé depuis plus longtemps. Il a amassé beaucoup d'objets mais il n'a pas de tente. Il nous remercie chaleureusement du repas qu'on lui offre et commence à entamer la discussion. Il nous montre les blessures qu'il s'est fait en cherchant de la ferraille l'autre jour. « Fils de Dieu », nous répond-t-il quand on lui demande son prénom. Puisque personne ne s intéresse à lui alors c'est ainsi qu'il a choisi de se présenter aux autres. Apres quelques blagues, une tape sur l'épaule, on décide de partir.
20h48 - Proche de la porte de Bagnolet On croise la route d'un autre groupe de migrants que l'on avait rencontré la dernière fois. Ils sont nombreux a se réchauffer ici au-dessus des échappements des égouts. On fait la rencontre de Khalid. Il a 39 ans, il vient du Maroc. Il est monté a Paris il y a trois ans parce qu'il se disait qu'il gagnerait mieux sa vie ici. Il a travaillé dans les dégâts des eaux et a perdu son travail avec la crise. Les larmes aux yeux, il nous partage qu'il a juste envie de retourner au Maroc pour retrouver sa mère.
Une tente à l'entrée de l'entrepôt où des sans-abris ont trouvé refuge. Sous le périphérique, À Pantin, le 22 décembre 2020. Photographie par Benjamin Beraud / Hans Lucas
Des couvertures et des vêtements sont amassés en face de deux tentes. Sous le périphérique à Pantin, le 22 décembre 2020. Photographie par Benjamin Beraud / Hans Lucas
Un entrepôt abandonné où des sans-abris ont trouvé refuge. Sous le périphérique, À Pantin, le 22 décembre 2020. Photographie par Benjamin Beraud / Hans Lucas
Des tentes sont installées au niveau du périphérique.
Mai 2021
Le 30 mai 2021, se tient une manifestation à l’occasion de la fin de la fin de la trêve hivernale, menaçant des centaines de personnes d’expulsions.
En fin de marche, les associations et collectifs organisateurs, dont Droit Au Logement et Solidarité migrants Wilson, orchestrent une action de « Réquisition ». L’idée est d’investir la place de la République dans le but d’interpeller les représentants de la mairie et de les obliger à reloger des personnes sans-abris, principalement exilées, en réquisitionnant des lieux laissés vacants. Au moment de la photo, plusieurs dizaines de personnes font la queue dans l’attente de bus.
Ils sont censés les emmener vers des logements, hôtels et gymnases. Après avoir laissé passer plusieurs d’entre eux (450 environ, selon la préfecture), les représentants publics annoncent qu’il n’y a plus de place dans les hébergements. La tension monte et les policiers font usage des gaz lacrymogènes. En guise de protestation, les exilés s’assoient en face des policiers.
Décembre 2021.
Comme chaque année, des manifestants éclairent le cortège avec des bougies, dans le cadre de la manifestation pour la Journée internationale des migrants.
Le 25 novembre 2021, 27 personnes exilées décèdent au large de Calais dans le naufrage de leur embarcation partie de Dunkerque. Un rassemblement a lieu sur la place de la République en hommage aux victimes.
Depuis 2014, plus de 20 000 personnes ont disparu ou perdu la vie sur les routes migratoires, dont la moitié en Méditerranée, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Depuis les années 90, ce nombre s’élève à plus de 50 000 personnes.
Novembre 2021
Anaïs et Ludovic ont entamé ensemble un jeûne il y a 38 jours à Calais avec le prêtre Philippe Demeestère pour dénoncer les conditions dans lesquelles les exilés sont traités à Calais et Grande-Synthe.
Ils réclament par cette action la fin des expulsions des personnes exilées pendant la trêve hivernale, la fin de la dégradation et de la confiscation de leurs effets personnels et l’ouverture d’un dialogue entre autorités et associations pour que celles-ci puissent distribuer des biens de première nécessité sur les lieux de vie des personnes exilées. De passage à Paris, ils organisent une manifestation.
Anaïs Vogel, l’une des trois grévistes de la faim à Calais, raconte son échange avec ce policier, le jour de la marche pour la fin des maltraitantes envers les personnes exilées. Paris, le dimanche 21 novembre 2021.
« On était arrêtés vers Gare de l’Est. J’ai vu tous ces policiers, il y en a moins qu’à Calais certes, mais ils étaient nombreux quand même. Je pars du principe qu’on est tous des êtres humains. Même les policiers et les policières sont des êtres humains. À un moment donné, quand ils rentrent chez eux ou chez elles et qu’ils font le bilan de leur journée, je ne suis pas sûre qu’ils le vivent très bien. À Calais, par exemple, les compagnies de CRS changent toutes les trois semaines. Je pense que ce n’est pas pour rien. Je ne suis pas sûre qu’un être humain vit très bien cette situation, le fait d’être armé, de pouvoir faire du mal à des personnes. Du coup, à chaque fois qu’il y a des manifestations, je vais les voir pour discuter avec eux et elles.
Justement quand tu as pris cette photo, j’étais en train de parler de la grève de la faim avec cette personne, en lui expliquant le sens de notre action. Je lui rappelai qu’on était tous des êtres humains, peu importe la couleur de la peau, l’origine, n’importe. Il m’a répondu « oui, oui, je suis d’accord » et qu’il était justement bien placé pour le savoir par rapport à sa couleur de peau. En même temps, je me suis rapproché parce que j’ai vu que les policiers commençaient à faire un cordon autour de la foule et, machinalement, dès que je vois la police faire un cordon. Je me mets face à eux. »
Octobre 2021
La préfecture de police érige un mur afin de bloquer l'accès à des toxicomanes à Pantin. Ce « mur de la honte » provoque la colère des habitants du quartier.
Novembre 2021
Près de 150 personnes vivent sous un tunnel en dessous du périphérique, entre Paris 19e et le Pré-Saint-Gervais. Face au manque d’hébergement, les associations craignent que de plus en plus de famille et de mineurs n'arrivent sur le campement.
Décembre 2021
Après des mois dans le froid, ils ont finalement été mis à l'abri.
Février 2022.
En grève depuis près de trois mois, ces travailleurs affirment être employés par l’agence d’intérim Derichebourg, pour le compte de DPD, filiale de La Poste. Tous revendiquent leur régularisation, afin de sortir de leur situation administrative précaire.
Mai 2022
Évacuation du campement du Cheval Noir, Pantin
À 7 heures du matin, entre espoirs et inquiétudes, c’est la cohue pour accéder aux bus. L’espoir de dormir enfin au chaud après des mois dans la rue se lit sur certains visages. D’autres, s’inquiètent de savoir où ils vont ou s’ils seront acceptés au centre d’hébergement. Ils récupèrent leurs affaires et laissent les tentes sur place à la demande de la préfecture. Ils passent au détecteur de métaux face à des hommes en combinaison blanche de la police scientifique. Ils rejoignent ensuite les bus qui les emmènent vers les centres d’hébergement en île-de-France et en province.
80 d’entre sont remis à la rue le soir-même. 40 d’entre eux se sont vus refuser l’accès au centre parce qu’ils n’ont pas les bons papiers. Nombre d’entre eux sont des "dublinés" : leur demande d’asile dépend du premier pays d’arrivée en Europe et ils ne peuvent prétendre à un hébergement en France pendant au moins 18 mois. D’autres, n’ont tout simplement pas pu monter dans les bus, faute de place.
J’ai rencontré certains d’entre eux le soir-même. Ils ne peuvent plus accéder au parc pour récupérer des tentes, un grillage les empêche d’y accéder. La préfecture dit vouloir désinfecter les tentes, craignant une épidémie de gale. Le soir-même, ils dormiront donc à ciel ouvert à quelques mètres du campement, au bord du canal.